Au cœur des Mauges, dans le Maine-et-Loire, la Société Choletaise de Fabrication (SCF), spécialisée dans la production d’accessoires textiles tissés, tressés et tricotés, tels que lacets, sangles, galons et cordons, poursuit son expansion et sa diversification.
En effet, en novembre 2024, Emmanuel Sigier a transmis la destinée de Sigier-Capelle à l’équipe SCF.
Implantée dans le nord de la France, à la frontière belge, Sigier-Capelle se distingue par son expertise en tressage et ses finitions techniques.
Cet rapprochement stratégique marque une étape déterminante pour les deux entreprises, qui conservent chacune leurs sites de production.
Les deux entreprises unissent leurs compétences pour relever les défis techniques de demain et proposer des solutions de tressage toujours plus innovantes et adaptées aux besoins de leurs clients
Dans cet article, vous découvrirez tout d’abord l’histoire de Sigier-Capelle, puis les produits et marchés complémentaires que cette collaboration ouvre pour l’avenir des deux sociétés.
La préservation d’une entreprise créée en 1848
©O.C.-MRc : Détail de papier à en-tête de chez Sigier-Capelle en 1896.
Source Atelier de tissage équipé de métiers Jacquard, vers 1880
©Michel Sence : Comines après les destructions de la Première Guerre Mondiale.
© I. Sigier : Ancienne carte de visite de Sigier-Capelle. Bâtiments d’après-guerre.
La transmission de Sigier-Capelle par la SCF marque un tournant dans l’histoire de cette entreprise familiale, créée au XIXème siècle dans la région Nord. Après plus de 150 ans d’existence, Sigier-Capelle continue de véhiculer un savoir-faire unique et un héritage transmis à travers six générations.
Une histoire textile du XIXème siècle transmise à travers plusieurs générations
L’histoire de Sigier-Capelle débute en 1848 à Comines, dans le Nord de la France, à proximité de la frontière belge. Fondée par Édouard Sigier, l’entreprise commence son activité dans un petit atelier de retordage de fil, rue d’Hurlupin. À l’époque, le moulin à retordre est actionné à la main.
Quelques années plus tard, il est motorisé grâce à un manège entraîné par un mulet.
En 1868, son fils Joseph Sigier-Capelle prend la relève. Il transfère l’atelier devenu trop petit rue de la Chaine, aujourd’hui rue Gambetta. Il ajoute la fabrication des fils pour les métiers à tisser Jacquard et installe une machine à vapeur pour industrialiser davantage la production.
Ce passage à la mécanisation témoigne des premiers signes de l’industrialisation qui s’opère alors dans toute la région, notamment dans le textile. Le XIXe siècle voit une véritable révolution industrielle dans le Nord, avec l’émergence de nombreux ateliers et usines textiles, alimentés par les avancées techniques et un tissu économique en pleine transformation. La région devient rapidement un pôle majeur pour l’industrie textile, en particulier la transformation des fibres, la production de fils, de tissus et de produits dérivés. Les usines se multiplient à toute vitesse, attirant une main-d’œuvre ouvrière nombreuse, transformant les paysages et les modes de vie.
Une résistance à l’épreuve du temps et aux contextes de l’industrie textile
Chaque génération de la famille Sigier a dû faire face à des défis uniques, tout en apportant des innovations pour s’adapter aux évolutions du secteur textile.
Sous la direction d’Auguste Sigier, l’entreprise fait face à l’invasion allemande de 1914.
Après avoir été mobilisé, Auguste revient en 1917 pour trouver son usine réduite en ruines. Toutefois, il repart de zéro et se réorganise, dans un contexte où la région se relève lentement des ravages de la guerre, et où les industries doivent adapter leur production pour répondre aux nouvelles exigences économiques et sociales. Il relance la production à Roubaix et commence la reconstruction de l’usine à Comines, qu’il rouvre en 1921.
Reprise de l’entreprise par les parents d’Emmanuel Siger
Dans les années 1930, l’entreprise prend un tournant décisif avec la transformation en société à responsabilité limitée (S.A.R.L.). Ce changement marque l’entrée des fils d’Auguste dans l’entreprise, qui vont chacun jouer un rôle stratégique dans l’expansion des activités.
En 1968, Sigier-Capelle verra les débuts de “Customagic” en mettant à disposition une partie de ses bâtiments pour une nouvelle entreprise dédiée à la fabrication de housses pour sièges domestiques.
Dans les années 1980, l’entreprise traverse une période de transition délicate. Lors de la reprise par Emmanuel-Joseph Sigier et Agnès Vandermarlière en 1981, l’entreprise fait face à une structure hiérarchique lourde et vieillissante. Comme l’illustre la comptabilité en 1978, dont les écritures étaient encore réalisées à la plume.
Cependant, avec un regard neuf et une volonté de modernisation, Agnès Vandermarlière fait face aux défis organisationnels, introduisant une plus grande autonomie pour le personnel et une réorganisation de l’atelier. L‘introduction de la technologie, avec l’intégration de machines automatisées, notamment dans les années 1980, est l’une des innovations majeures. Elle permet à l’entreprise de rester compétitive malgré la crise du textile. Ainsi, l’entreprise passe en trois mois de zéro à 72 automates programmables. Ce renouveau structurel s’accompagne de la diversification des produits et du développement de nouveaux marchés. Le développement de cordons pour l’habillement et de la mèche tressée pour l’armée a alors permis de doubler le chiffre d’affaires de l’entreprise en peu de temps.
Source : Facture de 1896 de chez Sigier-Capelle
© I. Sigier : Sigier-Capelle en 1998 : 150 ans d’histoire textile en famille. De gauche à droite : Jacques Sigier, Patrick Sigier, Emmanuel Sigier II, Michel Sigier et Léon Schoutteten.
Des articles complémentaires à ceux de la SCF
Les marchés de Sigier-Capelle et de SCF se complètent. Ils s’appuient sur une tradition d’innovation technologique.
Les savoir-faire, brevets et technologies de Sigier-Capelle
L’un des principaux atouts de Sigier-Capelle réside dans ses savoir-faire et technologies, son expertise en tressage et en fil de couture.
A l’origine, Sigier Capelle était retordeur. La retorderie, en perte de vitesse, dans les années 1870, s’efface au profit du tressage et du fil à coudre, mis en place dans les années trente pour les fabricants de chaussures de la région de Cholet. Or, cette production va chuter brutalement vers 1990-2000 et amène Sigier-Capelle à développer une activité nouvelle : les cordons pour l’habillement.
En 2009, l’entreprise s’équipe d’une machine de teinture autoclave dite “coussin d’air”, économe en eau.
Les brevets développés par Sigier-Capelle et ses technologies spécifiques, telles que la fabrication de produits pour le nettoyage d’armes. Une tresse assemblée en ruban breveté « Netarm », permet le nettoyage des armes à feu.
H3. Un parc machines importants
L’outillage varié permet aujourd’hui de développer des drisses ou cordons spécifiques de 0,1 à 8mm. Perlé ou lisse, rond ou plat, avec ou sans âme, rigide, souple ou élastique ; les possibilités sont multiples.
Sigier-Capelle est toujours leader sur les gros fils à coudre techniques développés pour la chaussure. Pour les cousu Blake, Petit Point, Goodyear, Norvégien, Sandalette, Kneipp, latéral ou pour de la piqûre main…
Leurs équipements permettent une gamme de traitements hydrofuge, collant, poissé, ciré, thermique ou antisalissure.
Pareillement à la SCF, ils proposent un service de coupe à chaud ou à froid et des services de conditionnement en bobines ou en vrac travaillé. En matière d’assemblage, les services comprennent la couture, la pose de ferret et des montages plus complexes.
Les matières utilisées
Il faut noter que les matières travaillées sont diverses, comme à la SCF. Cependant, Sigier-Capelle tresse principalement des matières techniques.
Parmi ces matières :
–matières synthétiques : polyester, polyamide, polypropylène
–matières naturelles : coton, lin, jute,
–matières techniques : fibres d’aramide Nomex © (résistance élevée aux hautes températures et aux flammes), Kevlar © (fibre d’aramide, résistante à la chaleur, au cisaillement, aux chocs, à la traction, à la coupure …), Vectran © (respirabilité, protection contre la chaleur intense et les flammes, les produits chimiques …), Esfron ©(résistance à la chaleur, auto-extinction, retardataire de flamme …)
Les types de marchés et de produits
La diversité des produits de Sigier-Capelle est l’une des clés de son succès. Des tresses techniques à la production de cordons pour l’habillement, en passant par les tresses pour la chaussure, Sigier-Capelle a su s’adapter aux évolutions du marché.
L’entreprise a ainsi investi dans des segments plus techniques. Elle produit des mèches de tressage pour les armes de l’armée et des composants pour l’industrie militaire et de la sécurité.
Pour la sécurité, Sigier Capelle développe des cordons pour les menottes à usage unique. L’entreprise s’allie avec un homme d’affaires d’origine arménienne, Georges Kumuchian, créateur de la firme GK en 1984. Les lettres « LSK » sérigraphiées en gras sur le coupe-menottes « handcuffs » peuvent donc se comprendre comme l’acronyme de « Liens Sigier Kumuchian ».
Le développement à l’export
À partir des années 1990, Sigier-Capelle s’est internationalisée, exportant ses produits. Le modèle de production flexible, avec une capacité à livrer des petites séries rapidement, ainsi que l’accent mis sur l’innovation, a permis à l’entreprise de se différencier de ses concurrents. Par la suite, elle s’ouvre également sur la demande “civile” en développant une version de mèche Netarm pour les chasseurs et les tireurs sportifs.
Ainsi, à l’heure actuelle, l’entreprise fabrique pour des secteurs variés : le militaire, la chaussure, l’automobile, le bâtiment, l’ameublement, les jouets..
Sigier Capelle fournit aussi des tresses pour le médical, la parfumerie-cosmétologie et le secteur vétérinaire.
© SCF : Fil à coudre pour la chaussure
© SCF : Tresseuses de Sigier-Capelle
Exemples de tresses
© SCF : Gammes de fils
Publicité de la mèche de nettoyage « Netarm »
©SCF- Le montage des menotes « Handcuff »
Pour conclure
Pour conclure, la SCF voit en cette reprise une possibilité d’enrichir son offre avec des solutions techniques avancées en tressage. Par conséquent, elle s’ouvre à de nouveaux marchés complémentaires. Sigier-Capelle, quant à elle, profite de l‘expertise et des infrastructures de la SCF pour pérenniser ses activités.
Pour plus d’informations sur les produits proposés, n’hésitez pas à contacter notre service commercial à commercial@scfl.fr.